Les fêtes juives tombent chaque année à la même date … dans le calendrier juif !
Le calendrier civil et le calendrier juif ne sont pas synchronisés parce que le calendrier juif est semi-lunaire tandis que le calendrier civil (le calendrier grégorien) est un calendrier solaire. Comme le mois lunaire compte approximativement 29,5 jours, les deux calendriers sont décalés de quelque onze jours chaque année. Pour maintenir les fêtes des récoltes dans leurs saisons respectives (dans l’hémisphère nord), un mois intercalaire entier est ajouté au calendrier juif, sept fois par cycle de dix-neuf ans. Les mois, qui débutent avec Pessah, sont : Nissan, Iyyar, Sivan, Tamouz, Av, Eloul, Tichri, Heshvan, Kislev, Tevet, Shevat, Adar (et certaines années, Adar II).
Le jour juif, et par conséquent toute fête juive, commence au coucher du soleil le jour précédent la date indiquée sur le calendrier civil. On en trouve la raison au premier chapitre de la Genèse :
« … il y eut un soir, il y eut un matin …».
Rosh Hashana (1er Tichri)—Septembre/OctobreTitle for This Block
La tête de l’année. Son nom biblique est Yom Terou’a (Jour de la sonnerie), c’est-à-dire la Fête des trompettes. Aussi connue sous le nom de Yom HaDin (Jour de Jugement). Les jours solennels commencent avec la nouvelle année, qui tombe le premier jour du septième mois. On doit mettre à profit la période du nouvel an pour réfléchir à l’année passée, demander pardon aux amis et aux associés pour tout le mal qu’on a pu leur causer, se repentir des transgressions, et prévoir de s’améliorer pour l’année à venir. Dans l’imagerie populaire il s’agit du jour où Dieu ouvre le livre de la vie pour y inscrire nos destins pour l’année à venir. Pendant les Dix jours redoutables, qui débutent avec Rosh Hashana et s’achèvent par Yom Kippour, on peut en adoucir le décret par la prière, le retour sur soi et la charité; le livre n’est pas scellé jusqu’au Jour du Pardon ou, peut-être aussi tard que le dernier jour de Soukkot. La sonnerie du chofar est le rituel essentiel de la fête.
Yom Kippour (10 Tichri)—Septembre/Octobre
Jour du Pardon. Aussi connu comme Shabbat Shabbaton (“Sabbats des Sabbats”). Le jour le plus saint de l’année juive est dédié à une réflexion et une prière intense, par lesquelles on demande pardon pour les transgressions commises envers Dieu. Pendant ce «jeûne blanc» de vingt-cinq heures, on a pour habitude de porter du blanc ou d’enfiler un kittel (“robe blanche rituelle”) pour symboliser la quête de pureté et de joie associée à une période de réconciliation. C’est le seul jour de l’année où l’on porte le tallit aux prières du soir. Yom Kippour s’achève par une joyeuse sonnerie de chofar et la conviction que nous avons tous été inscrits pour une bonne année.
Soukkot (15-21 Tichri)—Septembre/Octobre
Les cabanes ou tabernacles. Aussi connue comme Hag ha-Assif (Fête du rassemblement ou Fête des récoltes). C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage ordonnées par la Bible. La tradition rabbinique associe la fête aux abris temporaires (soukka, pluriel soukkot) construits par les Hébreux durant leur quarante ans d’errance dans le désert après l’esclavage égyptien. Aujourd’hui, les cabanes sont construites pour célébrer la fête, et rappeler non seulement la sortie d’Égypte mais aussi les simples tentes que les paysans construisaient au temps de la récolte, afin de ne pas perdre un instant avant le début des pluies. En pratique, la soukka est une structure éphémère qui compte au moins trois murs, légèrement couverts de branches ou de roseaux et ouverte sur le ciel, habituellement décorée de fruits et de légumes. En ce jour, la Bible nous commande de dire une bénédiction sur le loulav et l’étrog (le bouquet de palme, saule et myrte, accompagné par le cédrat.) Il est aussi obligatoire de manger sous la soukka. Soukkot est célébrée pendant sept jours dans l’État d’Israël et dans les communautés juives libérales ; c’est une fête de huit jours dans les communautés plus classiques de la Diaspora. Les deux derniers jours sont Hoshana Rabba et Chemini Atsèrèt.
Hoshana Rabba (21 Tichri)—Septembre/Octobre
Grande Hosanna ou Grande Supplique. Le septième jour de Soukkot est connu comme Hoshana Rabba. A l’époque du Temple, on faisait le tour du Temple non pas une fois, comme aux autres jours de Soukkot, mais sept fois, en suppliant Hosha na (« De grâce, sauve [nous] ! »), d’où la « Grande Hosanna ». De nos jours, tous les rouleaux de la Torah rangés dans l’Arche sont transportés en rond dans la synagogue et suivis de fidèles portant des loulavim et des étrogim, répétant tous cette prière pour l’aide de Dieu. Traditionnellement on passe la nuit à étudier soit le Livre du Deutéronome soit le Livre de Psaumes. Une autre tradition est de fouetter le sol avec cinq branches de saule. Le Zohar dit que le jugement final pour l’année n’est délivré qu’au dernier jour de Soukkot.
Chemini Atzèrèt (22 Tichri)—Septembre/Octobre
Assemblée du huitième jour. « Au huitième jour, tu devras observer une sainte assemblée » (Lv 23, 36 ; Nb 29, 35). Cette fête, bien qu’indissociable de Soukkot, est une célébration séparée. L’Encyclopédie juive (1906) décrit la tradition d’il y a au moins un siècle, lorsque le lecteur enfilait son kittel, comme à Yom Kippour, et chantait le Kaddish précédent le Moussaf sur l’air solennel utilisé pour le Jour du Pardon. Il continuait ainsi : « Car tu es, O éternel notre Dieu, la cause du vent qui souffle… pour une bénédiction et non une malédiction, pour l’abondance et non la famine, pour la vie et non la mort ! ». L’assemblée répondait en répétant trois fois « Amen ! ». Ce jour là, les mots « tu fais tourner le vent et tomber la pluie » sont introduits dans la liturgie. En Israël et dans toutes les communautés libérales à travers le monde, Chemini Atzèrèt est combinée avec Simhat Tora.
Simhat Tora (22 ou 23 Tichri)—Septembre/Octobre
Joie de la Torah. Dans le cercle de l’année en cours, la fête de la Joie de la Torah marque la fin d’un cycle qui recommence aussitôt. Après avoir lu les derniers versets de la Torah, nous en ré-enroulons le rouleau et recommençons du début avec les premiers versets. On chante, danse, boit et mange beaucoup.
Hanoucca (25 Kislev—2 ou 3 Tevet)—Novembre/Décembre
Inauguration, ou Dédicace. Aussi connue comme la fête des lumières. Hanoucca commémore la victoire macchabée contre Antiochus IV Épiphanes (215-164 avant notre ère). Lorsque le souverain séleucide érigea une statue de Zeus dans le Temple, profana l’autel et massacra ceux qui n’abandonnèrent pas leur judaïsme, Mattathias l’hasmonéen, prêtre de Modi’in, et ses cinq fils, conduisirent une révolte contre les forces hellènes bien supérieures en nombre. Mattathias mourut avant d’en voir l’issue; et ce fut son troisième fils, Judas Macchabée (le Marteau; ou encore martel), qui emmena les forces juives à la victoire. Après avoir purifié le sanctuaire et reconstruit l’autel du Temple (c.164 ANE) à Jérusalem, les Macchabées et leurs partisans célébrèrent une fête de huit jours, pour compenser d’avoir manqué les fêtes de Soukkot et Chemini Atzèrèt. Dans le second livre des Macchabées, on nous raconte qu’ils votèrent et décrétèrent qu’une nouvelle fête devrait être observée à ces dates dans l’avenir. Une légende talmudique affirme que Nes Gadol Haya Sham (« un grand miracle s’est produit là-bas »), car on ne retrouva dans le Temple qu’une unique fiole d’huile consacrée, suffisante pour alimenter une journée seulement la Lumière éternelle. Mais elle brûla huit jours entiers, soit le temps nécessaire à la préparation d’huile consacrée. Pour commémorer ce miracle, pendant huit jours nous allumons les bougies de la menora (chandelier), aussi appelée hanoukia.
Tou B’Shvat – 15 Shevat ou Hamisha Asar Bishvat—Janvier/Février
Aussi appelée Rosh Hashanah la’Ilanot (“Le Nouvel An des arbres”). Le quinzième jour du mois de Shvat. A l’époque du Temple, le Nouvel An des arbres célébrait le début du cycle agricole afin de percevoir la dîme. À l’époque talmudique s’établit la tradition de planter un cèdre pour célébrer la naissance d’un garçon et un cyprès pour celle d’une fille. Lorsqu’ils se marieraient les branches serviraient de dais nuptial (TB Git. 57a). La renaissance de la coutume de planter des arbres en Israël à Tou Bish’vat est à porter au crédit d’un homme, Rabbi Ze’ev Yavetz, fondateur du mouvement Mizrahi (sioniste religieux). À Tou Bish’vat en 1890, Rabbi Ze’ev Yavetz et ses étudiants plantèrent des arbres dans la moshava Zikhron Yaâkov (fondée par le Baron Edmond de Rothschild et abritant les caves du Carmel). En 1908, les Histadrout Hamorim b’Yisraél (Association des Enseignants en Israël) tout comme le Keren Kayemet leYisraél (Fonds national juif) avaient adopté la coutume de racheter la terre pour la replanter. Tou Bishvat est le Jour de l’Environnement israélien. Une autre coutume s’est popularisée au cours des siècles : le Séder de Tou Bish’vat, créé par les kabbalistes, comprend la lecture de textes mystiques, quatre coupes de vin (blanc, blanc mélangé à un peu de rouge, rouge mélangé à du blanc, et rouge!) et la consommation de fruits de la Terre d’Israël.
Pourim (14 Adar)—Février/Mars
Sorts ; chance ou sélection aléatoire (Est 3, 7). Pourim commémore la délivrance du peuple juif d’une mort certaine dans l’ancien empire de Perse. Le nom « sorts » se réfère à la date, choisie par hasard pour massacrer les Juifs de Perse et s’accaparer leurs richesses. Mordechai et sa nièce, la reine Esther, déjouèrent le complot, envoyant le maléfique Haman à sa perte méritée. La fête est célébrée par une lecture publique du rouleau d’Esther (pendant laquelle chaque mention du nom du méchant est recouverte par les bruits, cris et battements de pieds de l’assemblée). Reconstitution de l’histoire, bals bien habillés ou costumés, cadeaux, sucreries et boissons, ainsi que la charité envers les pauvres font partie de la fête.
Pessah (15-21 Nissan) ou Pâque—Mars/Avril
Passer par-dessus (Ex 12, 23). Aussi appelée Hag HaMatsot (Fête des pains azymes). C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage ordonnées par la Bible. Au temps où la famine frappait le Moyen-Orient, Jacob et ses fils trouvèrent refuge en Égypte. Leurs descendants, les Hébreux, continuèrent à vivre en paix dans le Pays de Goshen pendant quelque quatre cents ans jusqu’à l’avènement d’une dynastie ayant oublié Joseph, le fils de Jacob qui, par sa sagesse, avait sauvé l’Égypte de sept ans de famine. Le nouveau Pharaon réduisit les Hébreux en esclavage. Pour le faire fléchir, Dieu fit s’abattre dix plaies sur l’Égypte, chacune plus radicale que la précédente, et culminant avec la mort des premiers nés, du plus humble au plus illustre. Mais les Hébreux furent épargnés; Dieu passa outre. Le Pharaon ordonna immédiatement aux Hébreux de quitter son royaume mais regretta bientôt sa décision; ils fuirent guidés par Moïse et traversèrent à pied sec la Mer des joncs, et traversèrent le désert du Sinaï hostile, jusqu’à la Terre Promise. Cette libération de l’esclavage et cette rédemption de la maison de servitude sont centrales pour le judaïsme. Pour les célébrer, nous faisons un séder chaque année, durant lequel nous sommes sensés nous imaginer avoir nous-même participé à la sortie d’Egypte. Le séder (ordre ou organisation) comprend la lecture de la Haggadah (le récit), le repas festif, la lecture des psaumes et des chants. Pour commémorer la fuite d’Égypte, alors que le temps manquait pour faire lever la pâte du pain, on mange de la matzah (pain non levé) tout au long de la fête. Pâque est célébrée pendant sept jours en Israël et dans les communautés juives libérales à travers le monde ; les communautés juives classiques en dehors d’Israël font durer la fête pendant huit jours.
Yom HaZikaron leShoah ve-laGevoura (27 Nissane), connue comme Yom HaShoah—Avril/Mai
Jour du souvenir de l’holocauste et de l’héroïsme. Un jour de souvenir pour les six millions de Juifs qui périrent pendant la deuxième guerre mondiale dans le génocide perpétré par l’Allemagne nazie, et un jour dédié à la mémoire de la résistance juive. Le mot Holocauste, qui décrit un massacre, signifie « complètement brûlé » et s’utilise pour désigner un sacrifice, c’est-à-dire une offrande sacrée à un dieu. S’il a été adopté dans le monde anglophone en référence spécifique au génocide nazi, il est peu usité en Europe et en Israël où on préfère le terme Sho’ah, qui signifie « catastrophe ».
Yom Ha’Atzmaout (5 Iyar)—Avril/Mai
Le jour de l’Indépendance. La création de l’État d’Israël, à la suite de la résolution et le vote par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 29 novembre 1947, a été proclamée le 14 mai 1948, par David Ben-Gourion, alors à la tête de l’Organisation Sioniste Mondiale et directeur de l’Agence Juive pour la Palestine, et qui allait bientôt devenir le premier Premier Ministre d’Israël.
Lag Ba’Omer (18 Iyar)—Avril/Mai
Trente trois [jours] dans [le décompte] d’Omer (orge en gerbe). Une joyeuse fête mineure observée avec des pique-niques et des feux de camp. Personne ne sait vraiment ce qu’elle célèbre. Le Talmud mentionne une peste qui s’est abattue sur les étudiants de Rabbi Akiva au second siècle ce jour là. Il pourrait commémorer le jour où Rabbi Shimon bar Yochai, auquel on attribue l’important texte cabalistique, révéla le Zohar (l’éclat) à ses étudiants avant de rendre l’âme. Comme Lag B’Omer est un jour de fête situé dans la période de quarante neuf jours de demi-deuil (du deuxième jour de Pessah jusqu’à la fin de Chavou’ot), on peut célébrer des mariages, les petits garçons peuvent se faire couper les cheveux pour la première fois et les garçons plus âgés déambuler avec des arcs et des flèches, peut-être en souvenir de la rébellion de Bar Kokhba (132-135 de notre ère), ou pour symboliser la trajectoire de l’arc-en-ciel, qui est l’engagement de Dieu à ne pas détruire le monde par déluge.
Chavou’ot (6 Sivan)—Mai/Juin
Semaines. Aussi appelée Chag ha-Katsir (La fête des récoltes) et Yom ha-Bikkurim (Le jour des premiers fruits). C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage ordonnées par la Bible. Chavou’ot célèbre la remise des Dix Commandements sur le Mont Sinaï. Cette fête de pèlerinage a lieu sept semaines après Pessah lorsque les offrandes de blé nouveau sont apportées au Temple à Jérusalem. En 1533, Rabbi Joseph Karo (auteur du Shulhan Arouh) invita Rabbi Shlomo Halevi Alkabetz (qui écrivit Lekha Dodi) et d’autres cabalistes éminents à le rejoindre pour une veillée d’étude d’une nuit entière (tikkoun leil Chavou’ot), lançant une tradition dont la popularité s’est accrue ces dernières années. La nuit d’étude s’achève sur les prières du matin. À Chavou’ot, en 1967, une semaine après que l’armée israélienne eut repris la Vieille Ville de Jérusalem le 7 juin, le HaKotel HaMa’aravi (le Mur Ouest [du Temple]) fut rendu accessible aux Juifs pour la première fois depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Les gens se précipitèrent au mur ouest, et une nouvelle coutume naquit à Jérusalem. Chavou’ot est une fête d’une journée en Israël et dans la pratique juive libérale à travers le monde, tandis que les communautés diasporiques plus classiques observent la fête pendant deux jours.
Tisha B’Av (9 Av)—Juillet/Août
Neuvième jour d’Av. Aussi connu comme le «jeûne noir». Ce jeûne de vingt-cinq heures pleure la destruction du Premier Temple à Jérusalem par les Babyloniens en 586 avant notre ère et du Second Temple par les Romains en 70 de notre ère. Et depuis la période médiévale, d’autres tragédies qui ont frappé le peuple juif, telles que le début de la Première Croisade le 15 août 1096, ou les expulsions d’Angleterre en 1290, de France en 1394 et d’Espagne en 1492. Même à notre époque, Tisha B’Av a aussi été un jour à marquer d’une pierre noire : c’est à cette date que débutèrent les déportations du Ghetto de Varsovie en 1942.
Tou B’Av (15 Av)—Juillet/Août
Quinzième jour d’Av. Dans les temps anciens, cette fête mineure célébrait « l’offrande des arbres » apportée au Temple et le début des vendanges, lorsque les filles à marier de Jérusalem (Israël), vêtues de blanc, dansaient dans les vignobles et que les couples se formaient. Aujourd’hui, c’est la fête de l’amour, considérée comme une date particulièrement opportune pour les demandes en mariage et leur célébration.